Bien Etre Animal Et Medicaments 5gd3i

ECOLE NATIONALE VETERINAIRE TOULOUSE

Le médicament vétérinaire et le bien-être animal PL Toutain UMR181 Physiopathologie et Toxicologie Expérimentales INRA, ENVT

Agribea Paris 17 Décembre 2008

La santé est un élément du BEA • Le médicament est un outil majeur de la SA – Mais le BEA n’est pas l’ objectif prioritaire • Les objectifs sécuritaires sont prioritaires dans l’évaluation du médicament • Les objectifs économiques sont prioritaires dans l’usage des médicaments

• Le médicament est un outil spécifique pour certaines situations comme la douleur, les situations de stress…. qui compromettent directement le BEA – Analgésiques, anesthésiques, tranquillisants, anti-inflammatoires, phéromones …. – Euthanasiques

• Le médicament peut être aussi un « cache misères » vis-à-vis de mauvaises pratiques

Plan de la présentation • Généralités sur le MV • conflits d’intérêts entre les enjeux de santé publique et le BEA – Sécurité du consommateur – Sécurité de l’utilisateur – Sécurité & protection de l’environnement • conflits d’intérêts entre les enjeux économiques et le BEA – L’impossibilité d’avoir une médecine individuelle et ses répercussions sur la conception, l’évaluation et l’usage des médicaments.

Médicaments vétérinaires: Généralités

Médicaments humains & vétérinaires: les similitudes 1. Même définition dans le Code de la Santé publique 2. Même type de parcours istratif • AMM; pharmacovigilance; EMEA etc. 3. Mêmes finalités biologiques • curatif, préventif, diagnostic médical, restaurer,

corriger ou modifier des fonctions organiques 4. Mêmes firmes pharmaceutiques 5. Même science : pharmacologie & toxicologie

Médicaments humains & vétérinaires : les différences 1. Objectifs • Non seulement médicaux mais économiques 2. Enjeux de santé publique avec des contraintes réglementaires supplémentaires • Sécurisation des produits vis-à-vis des utilisateurs & consommateurs • Garantie d’une absence d’influence négative sur la santé humaine (antibiorésistance, zoonoses…) • Respect de l’environnement 3. Économiques: • Un marché 20 fois inférieur à celui du médicament humain • Des prix libres et des produits non remboursables 4. Scientifiques et techniques • Multiplicité des espèces et des systèmes de production • Des besoins spécifiques en fonction de chaque espèce • Des présentations et des formes pharmaceutiques multiples

Le marché du médicament vétérinaire

Marché mondial des médicaments vétérinaires: 15 milliard $

40%

60%

27.2%

16.2%

5.1%

11.2%

Marché mondial des médicaments vétérinaires: 15 milliard $

34%

36.7%

16.2%

11.4%

Reste du monde: 2.9%

Petit marché: environ 4% du marché humain

11% 15%

18%

23%

13%

11%

1 MILLIARD € 3.5% méd. Hum

Marché du médicament vétérinaire par classes de produits

21%

34%

22%

vaccins 20%

anti-infectieux antiparasitaires divers

Les 14 substances les plus vendues en MV (CA) 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14.

Fipronil (Frontline, Merial) puces (Régent) Ivermectine (endectocide) Oxytétracycline (antibiotique) Chlortétracycline (antibiotique) Imidaclopride (Advantage, Bayer) (puces) (Gaucho) Lufénuron (puce) Tylosine (antibiotique) Monensine (antibactérien et anticoccidien) Salinomycine (coccidiostat ionophore ) GH (hormone de croissance pour la production de lait) Doramectine (endectocide) Enrofloxacine (antibiotique) Ceftiofur (antibiotique) Vaccin FA

1. Le statut du médicament vétérinaire reflète les conflits d’intérêts possibles entre les enjeux de santé publique, les contraintes économiques et le BEA

Les valeurs européennes en matière de SA

Les valeurs (priorités) européennes

Enjeux de santé publique imposés au médicament vétérinaire 1. Sécurité du consommateur – Qualité sanitaire des produits • Risques chimiques (résidus) • Risques biologiques (pathogènes zoonotiques & antibiorésistance)

2. Sécurité de l’utilisateur & de l’usager – – –

Risques professionnels Risques domestiques Risques biologiques (pathogènes zoonotiques & antibiorésistance)

3. Sécurité générale des populations –

stratégie médicamenteuse (vaccinale) vs. autres options • •

Grippe aviaire: ATU Bioterrorisme: Fièvre Aphteuse & réserve stratégique de vaccin

4. Sécurité de l’environnement

1. Sécurité du consommateur : Qualité sanitaire des produits

Risques chimiques Risques biologiques

Sondage Sofres 2008 sur les sujets des préoccupations des français

Dans les enjeux sécuritaires, la sécurité des aliments est prioritaire

Préoccupation des français : Demande de réglementation par secteurs

Mise en place d’un dispositif réglementaire conforme à l’attente des consommateurs

L ’AFSSA Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments

L’AFSSAPS Agence Française de Sécurité des Produits de Santé

•Agence nationale du médicament vétérinaire •Commission d’AMM & Commission de pharmacovigilance •Le fait que ce soit l’Afssa et non l’Afssaps qui évalue les MV indique clairement les priorités sociétales ; l’animal est considéré implicitement comme un aliment en devenir

Pourquoi l’Afssa et non l’Afssaps est l’organisme gestionnaire du médicament vétérinaire ? Mission générale de l’Afssa Hygiène et sécurité des aliments Aliment sain = Animal sain Santé et protection animales garantissent la sécurité des produits

Médicament vétérinaire Sera évalué du point de vue du consommateur et non du « patient » donc la santé publique est prioritaire sur BEA

Animal=viande sur pied!!!

Les priorités sociétales font que l’animal est implicitement considéré comme de la viande sur pied

Sujets de satisfaction/ préoccupation des français Sondage CSA avril 2000

S. Bonny. INRA Prod. Anim. 13, 287-301

L’animal est considéré comme de la viande sur pied & on doit garantir la sécurité chimique de la viande

 Nécessité d’étudier d’identifier les résidus, de fixer des Limites maximales de résidus (LMR) et d’établir pour chaque spécialité un délai d’attente (TA)  Conséquences directes  Coût élevé des études conduisant les industriels à ne pas développer certains médicaments pour certaines indications ou certaines espèces  notion d’espèces mineures ou d’indications mineures: les (MUMS; Minor Use, Minor Species)

 Interdiction de certaines substances classées en annexes IV du règlement LMR  Ex: Dimétridazole

Espèces Majeures

Salmonidés

Etablissement obligatoire des LMR pour les espèces de rente

Espèces mineures

Les LMR peuvent être extrapolées à une espèce mineure à partir de l’espèce majeure de rattachement

Le changement de statut d’une espèce, médicament et BEA viande, sport ou loisir ?

L’animal est considéré comme de la viande sur pied & on doit garantir la sécurité chimique de la viande

 Nécessité d’étudier d’identifier les résidus, de fixer des Limites maximales de résidus (LMR) et d’établir pour chaque spécialité un délai d’attente (TA)  Interdiction de certaines substances classées en annexes IV du règlement LMR  Ex: Dimetridazole

Histomonose

Histomonose: les traitements • L’histomonose était devenue très rare depuis l’utilisation d’antiparasitaires efficaces, jusqu’au début des années 2000. – Plusieurs molécules sont efficaces contre H. meleagridis et étaient utilisées dans un objectif curatif ou préventif : – Les nitroimidazolés : dimétridazole, ipronidazole, ronidazole… – Les nitrofuranes : nifursol

• L’interdiction des anti-histomoniques (2003) a entraîné une réémergence de la maladie, principalement dans la filière dinde • toutes ces spécialités se sont vues retirer leur autorisation de mise sur le marché, dans le cadre de la réévaluation européenne des dossiers de limites maximales de résidus (LMR)

L’interdiction des nitroimidazolés en Europe est davantage due à des défauts de qualité des études qu’à une démonstration avérée de risques pour le consommateur (principe de précaution) •Par contre des molécules restent disponibles dans d’autres zones du monde

1. Sécurité du consommateur:

Risques chimiques Risques biologiques

Coûts: ESB vs Plan Cancer • l’ESB – 22 cas du nouveau variant de 1996 à 2006 – 2 M € par bovin positif – Coût total en 2001: 850 M €

• Cancer – 145 000 morts par an – Plan Cancer: 640 M € pour les 70 mesures entre 2003-2007 La sécurité alimentaire n’a pas de prix!!!!!

Causes de mortalités en 2004 Causes

%

Cancers

30

Cardiovasculaire

28.9

Accidents

4.8

13 268

1.1 3.7

4 035 9 233

0.1

228-691 92-535 78

transport autres Infections alimentaires (InVS 2004) •Salmonellose • Listériose

effectifs

Les causes de mortalité d’origine alimentaire restent marginales

Restriction d’usage des antibiotiques: Notion d’antibiotiques indispensables pour l’homme

Environnement Aliments

germes diffusion des résistances

Risque chez les immunodéprimés

AB

résidus

Ce document estime qu’une majorité des antibiotiques sont indispensables à l’homme et partant, ils devraient faire l’objet de restriction d’usage en MV Cette politique aurait des répercussions négatives sur le BEA

Le médicament vétérinaire: qui en est le bénéficiaire prioritaire, l’homme ou l’animal?

• interdiction de traiter un animal tuberculeux (même un chien), car la priorité est donnée à la santé humaine • l’abattage systématique des animaux tuberculeux adopté en 1963

2. Sécurité de l’utilisateur

Sécurité de l’utilisateur • Risques professionnels & Risques des usagers • Evaluée a priori au moment de l’AMM – Produits non autorisés • Morphiniques; Certains conditionnements (xylazine concentrée)

– Produits à prescription restreinte & mesures spécifiques • Ex: Butorphanol , kétamine…(risque de dérives chez l’homme)

• Surveillée après l’AMM par la pharmacovigilance – Le cas du Micotil® (tilmicosine)

Pharmacovigilance vétérinaire • Chez l’animal traité • Effet indésirable chez l’homme • toute manifestation immédiate ou différée qui peut porter atteinte à la santé de la personne qui istre le médicament vétérinaire ou qui est en avec l’animal traité par un médicament vétérinaire

3. Sécurité générale des populations

Grippe aviaire vs. Fièvre aphteuse • Autorisation (ATU/ATVAP) sur le marché de vaccins pour des maladies encore potentielles • Refus de vaccination pour des maladies qui existent au profit de l’abattage

4- Sécurité & protection de l’environnement

Écotoxicité

• L'étude de l'écotoxicité d'un médicament vétérinaire a comme double objectif d'évaluer ses effets nocifs potentiels sur l'environnement et de rechercher toutes les précautions d'emploi qui peuvent permettre de réduire ces risques. • Il est obligatoire d'effectuer une évaluation de l'écotoxicité pour toute demande d'autorisation de mise sur le marché relative à un médicament vétérinaire autre que les demandes déposées conformément aux dispositions de…

Ecotoxicité Protéger certains écosystèmes fragiles

Préserver la biodiversité

Ivermectine & hypodermose

Bolus d’ivermectine

Maintenir la qualité de l’eau

Protéger l’environnement domestique

PEC=0.1µg/mL

Aquaculture

Anticancéreux Assurer la conservation du sol

PEC=predicted Env Conc

PEC=10µg/mL

De l’homme, de l’environnement ou du BEA: qui a la priorité ? • Le terme environnement est contesté par la majorité des écologistes qui y voient une connotation trop anthropocentriste (environnement = ce qui est autour) • Le milieu • Historique de l’interdiction du DDT

Agriculture biologique, médicaments vétérinaires et BEA

L'utilisation de médicaments vétérinaires en élevage en agriculture biologique doit respecter certaines conditions

Agriculture biologique (AB), médicaments vétérinaires et BEA • L’AB se veut plus respectueuse de l'environnement que des modèles de production plus classiques. • L’AB est définie comme une « agriculture n'utilisant pas de produits chimiques de synthèse » (selon la définition officielle française).

Médicaments vétérinaires et AB • les produits phytothérapiques et les produits homéopathiques doivent être utilisés de préférence aux médicaments vétérinaires allopathiques chimiques de synthèse ou aux antibiotiques à condition qu'ils aient un effet thérapeutique réel sur l'espèce animale concernée, et aux fins spécifiques du traitement • Interdiction des antibiotiques, coccidiostats…

Bien-être animal et élevage Bio

The new EU-regulations on organic farming (1804/1999) are also influencing the animal welfare.

Bien-être animal et élevage Bio • Key questions here are the lack of scientific evidence concerning homeopathy in animals, and that Swedish veterinarians are not allowed to work with homeopathy • One interpretation of the regulation, at least in Sweden, is that anyone except a veterinarian is preferred to ister to sick animals on an organic farm, as Swedish vets are not allowed to use homeopathy and phytotherapy.

Contraintes économiques, médicaments vétérinaires et BEA

Vaccination ou Décimation? Un dilemme en matière de police sanitaire

L’épisode de FA en GB en 2001 a provoqué une crise majeure pour l’agriculture et le tourisme britanniques . Cette épizootie a correspondu à 2000 foyers sur l’ensemble du territoire ce qui a entraîné l’abattage de plus de 10 millions de moutons et bovins.

Pourquoi ne pas vacciner • Economiques • Raisons sanitaires multiples • Perte du statut de pays indemne – Although the vaccine was believed to be effective, export rules would prevent the export of British livestock in the future, and it was decided that this was too great a price to pay, although this was controversial because the value of the export industry (£592 million per year)

• Coût total de la crise : – By the time the disease was halted by October 2001, the crisis was estimated to have cost the United Kingdom £8bn ($16bn)

Une alimentation bon marché est une demande sociétale forte ayant des répercussions sur le BEA

INSEE 2007: consommation des ménages par fonction Alimentation et boissons non alcoolisées

13.4

Boissons alcoolisées et tabac

2.9

Articles d’habillement et chaussures

4.6

Logement, chauffage, éclairage

25.4

Équipement du logement

6.0

Santé (dépenses à la charge des ménages)

3.5

Transports

14.6

Communications

2.7

Loisirs et culture

9.3

Éducation (dépenses à la charge des ménages)

0.8

Hôtels, cafés et restaurants

6.2

Autres biens et services

11.7

total

100

Le budget alimentation est en constante régression

Médecines individuelle & collective

Une alimentation bon marché (et de plus en plus collective) implique des élevages de masse

L’impossibilité d’avoir une médecine individuelle a des répercussions sur les critères d’évaluation des médicaments, sur les modalités d’utilisation des médicaments et partant sur le BEA

Les différents types d’usage des antibiotiques en médecine collective (porc, volaille, veau…) Maladie

Thérapeutique

Animaux malades

Santé

Métaphylaxie

Présence de signes cliniques sur un % donné d’animaux Certitude de l’extension de la maladie à tout le groupe

prophylaxie prévention

Facteur de croissance

Animaux non malades mais présence d’un facteur de risque comme le sevrage du porcelet

Animaux sains & usages zootechniques (interdit en UE)

Médecine collective et BEA • Décisions thérapeutiques liées au groupe • Médicaments bon marché • Critères de jugement de l’efficacité de type zootechniques et non médicaux • Formes galéniques mal tolérées • Posologies individuelles aléatoires

2. Influence des préoccupations de BEA sur l’apparition de nouveaux médicaments vétérinaires

Médicaments vétérinaires et gestion de la douleur

Evolution des concepts

Castration

Les médicaments de la gestion de la douleur

Anesthésiques locaux

AINS

Anesthésiques

Morphiniques

Action positive en termes de BEA des AINS sur les bronchopneumonies

L’injection de carprofène (1,4 mg/kg IV) immédiatement après l’apparition des premiers signes cliniques de BPM permet d’améliorer l’état clinique des veaux et de réduire l’étendue des lésions pulmonaires.

Wallmacq et al Rev med vet 2007 8-9 pp 418-424

Euthanasie

Conclusions • Le BEA n’est pas la priorité pour le MV car les décisions sociétales implicites ou explicites exigent : • De la sécurité: consommateurs, usagers, … • De l’économie: alimentation (collective) bon marché

• Mais évolution certaine comme pour la gestion de la douleur ce qui montre que les lignes peuvent bouger